Pêche et construction navale : Un secteur à assainir

A ce jour, les membres de l’Association nationale des constructeurs et réparateurs navals (ANCRN) attendent toujours l’agrément de leur association, alors que le dossier y afférent a été déposé auprès du ministère de l’Intérieur en octobre 2008.

Pour rappel, l’assemblée générale constitutive de cette association a eu lieu à Oran le 21 mai 2008, lors de la tenue du Salon euroméditerranéen de la pêche et de l’aquaculture. Quoi qu’il en soit, l’ANCRN veut s’impliquer directement dans le développement du secteur de la pêche. Or, les constats établis quant à ces domaines ne sont guère reluisants. Des navires de pêche importés coulent et personne ne s’inquiète de cet état des lieux. Le premier plan de relance est achevé, alors que le bilan ne fait ressortir aucune création de chantiers navals modernes et encore moins de formation d’une main-d’œuvre compétente comme prévu initialement. Les constructeurs navals algériens sont malheureusement à l’arrêt. L’Ecorep, l’unique entreprise nationale de construction et de réparation navale, agonise, elle croule sous les dettes et ses centaines d’employés sont en proie au chômage. C’est pourtant grâce à la formation assurée au niveau des chantiers de cette entreprise que de nombreux constructeurs navals ont vu le jour. Ce qui a été constaté hélas, c’est qu’en dépit de toutes les capacités disponibles en Algérie, beaucoup reste à faire dans ce secteur. Plusieurs dizaines de millions de dinars auraient été alloués à des personnes pour importer des embarcations de pêche. Dans la plupart des cas, le coût de ces acquisitions est jugé trop élevé par rapport à l’état physique de ces embarcations. « Pourquoi l’Etat n’impose pas les mêmes règles de jeu au secteur de la pêche comme il le fait avec d’autres secteurs », s’interroge le secrétaire général de l’ANCRN.

Et d’enchaîner : « Pourquoi a-t-on marginalisé le secteur de la pêche, alors que l’argent investi appartient à l’Etat, et que c’est à lui qu’incombe le rôle d’imposer le lieu où doivent être fabriqués ces navires de pêche. Ces gens qui importent les navires ont amassé des fortunes en abandonnant l’outil national de production, malgré sa bonne qualité. Les Tunisiens fabriquent des navires avec du bois qui n’est pas fait pour la mer, et il y a même des Egyptiens qui exploitent aujourd’hui le filon au détriment de l’intérêt économique national. » Il y a lieu de relever, en effet, que c’est grâce à l’argent de l’Etat que des chantiers navals étrangers ont été relancés. Les chantiers navals algériens, quant à eux, sont aujourd’hui à l’arrêt, car la situation reste bloquée dans l’attente des assises nationales sur la pêche qui se tiendront en février 2010, selon nos interlocuteurs. Et au chargé de communication de l’ANCRN de déclarer : « Il faut non seulement mettre de l’ordre dans le secteur de la pêche, en exigeant le contrôle et la traçabilité des matériaux qui ont servi à la construction des navires, mais aussi avoir la certification des chantiers navals en vérifiant tous les documents sur leur situation administrative, fiscale et sociale. » Dans ce même ordre d’idée, il convient de relever que peu d’intérêt est accordé au domaine de la construction navale en Algérie.

Une enveloppe de 10 milliards de dinars, rappelle-t-on, avait été allouée à cette filière dans le cadre du plan de relance sur la période de 2001 à 2005. Plus de 50% de ces fonds publics ont été utilisés sans un véritable contrôle. Il y a également le cas de ces jeunes promoteurs du secteur de la pêche ayant bénéficié de crédits accordés dans le cadre du dispositif Ansej, qui ont été escroqués. Ils ont procédé à des versements, mais les embarcations commandées ne sont pas arrivées. « Ceux qui veulent importer des navires de pêche, avec leur propre argent, sont totalement libres. Ce qui est inacceptable c’est que des personnes perçoivent des aides de l’Etat estimées à plusieurs milliards de centimes, et partent à l’étranger pour ramener des bateaux de pêche dont la qualité laisse à désirer. C’est à cause de cela que des navires de pêche importés coulent ces derniers temps en mer », dénonce le chargé de communication de l’ANCRN. Encourager la production nationale et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, créer des richesses, tels sont en substance les objectifs mis en avant par les membres de l’ANCRN qui se sont investis dans la construction navale.

Par M’hamed H.
el watan : 17/05/2009

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