Dans le cadre d’une vaste opération de modernisation des hôtels, le complexe balnéaire EPEGT de Sidi Fredj opère sa mue par petites touches.
Ce projet de rénovation, qui touchait dans un premier temps les infrastructures hôtelières que compte le complexe (El Manar, El Marsa et El-Riadh), s’élargit désormais à la gestion du plan d’eau. Le bassin portuaire, longtemps laissé à l’abandon et livré à la dépravation, profitera à partir de l’année prochaine d’une nouvelle configuration s’agissant de sa gestion.
Dans cette perspective, la nouvelle grille tarifaire des droits pour les postes d’amarrage a fait réagir les plaisanciers et les pêcheurs du port. L’annonce de cette réforme tarifaire a suscité le courroux des propriétaires de bateaux de pêche et ceux des voiliers. Un sit-in de protestation a été observé dans ce sens la semaine dernière par une centaine de plaisanciers dans l’enceinte du complexe pour faire entendre leur voix contre, disent-ils à l’unisson, la flambé «exagérée» des tarifs qui seront appliqués à partir du 1er janvier prochain.
«Il est inconcevable que la grille des tarifs passe du simple au double. Comment peut-on appliquer de nouveaux prix exorbitants sans qu’aucune contrepartie ne soit garantie en retour ? Il aurait été plus judicieux d’aménager le plan d’eau, installer toutes les commodités et procéder bien après à la hausse des tarifs d’une manière graduelle, bien sûr. Nous gérons des petites bourses. Comment peut-on nous voler ce petit plaisir de mer ?», a lancé l’un des doyens marins-pêcheurs du port dépité. Cette initiative de la direction vise, selon lui, «à tirer sur la corde» et resserrer l’étau pour chasser les petites barques de pêche.
Tous les plaisanciers ne sont pas riches
La mesure qui en découle est beaucoup plus défavorable aux détenteurs de grands bateaux. Les plaisanciers, à leur tête Fouad, propriétaires d’un voilier, n’ont pas manqué l’occasion de condamner ce qu’ils qualifient de «grande aberration». «Si l’on suit la logique, les contrats tarifaires dans les ports de plaisance des pays voisins s’effectuent graduellement et augmentent de 10%, 30% maximum, ce qui n’est pas le cas ici. Cela s’est fait sans concertation ni la moindre information. J’ai fait un benchmark des ports des pays voisins et la tarification appliquée est plus intéressante avec surtout de meilleures conditions pour les plaisanciers», a expliqué Fouad, déplorant le manque total des commodités mises à leur disposition.
Et de renchérir : «Cela n’encourage guère les propriétaires de voiliers et de yachts à louer un droit d’anneau dans ce port. Il faut savoir que nous sommes sommés de payer en parallèle une taxe annuelle de 30% du prix du bateau au niveau des impôts, taxe imposée par l’ancien Premier ministre Ouyahia dans la LF 2018.
Cet impôt est malheureusement non dégressif sur les années. Un calcul forfaitaire mal conçu qui oblige les propriétaires, retraités pour la plupart, d’anciens voiliers vétustes ainsi que les nouveaux, à s’aligner sur la même taxe qui varie entre 300 000 DA et 500 000 DA selon la taille du bateau, ce qui est injuste.» Cette nouvelle grille, pomme de discorde, entre les plaisanciers et la direction, a été communiquée une première fois le 19 novembre dernier avant qu’elle ne soit légèrement revue à la baisse à la date du 3 décembre. Concrètement, ce nouveau contrat tarifaire variera selon les catégories entre 40 000 DA/an jusqu’à 400 000 DA/an pour les plus grands.
De son côté, le premier responsable du complexe touristique ne voit pas les choses de la même manière. Selon le Pdg de l’EPEGT, le complexe est en phase de rénovation totale ainsi que le port qui est une partie intégrante du site. «L’objectif est de redonner au port sa splendeur d’antan. La gestion du plan d’eau, jamais entretenue, a besoin de rentabilité pour son entretien comme cela se fait dans les ports de plaisance des autres pays. Il est inconcevable de continuer de naviguer à vue comme se fut le cas au passé. Les nouveaux tarifs sont mûrement réfléchis.
Un bateau de pêche de quatre mètres amarré ici paie un tarif journalier moins élevé qu’une voiture dans un parking public, je ne vois pas où est l’exagération», explique Abdelkader Allouni, fraîchement installé dans ses fonctions. Le premier responsable du complexe touristique n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la gestion aléatoire et la complaisance coupable des anciens responsables, certains éléments des unités de contrôle ainsi que certains plaisanciers qui recourent à des pratiques illégales.
«Ce n’est pas fortuit si le port est arrivé à saturation. Certains plaisanciers et pêcheurs indélicats ont, toute honte bue, proposé à la vente leurs places d’amarrage au prix fort et cela avec la complicité de certains anciens responsables du site. Nous sommes en train de régulariser la situation dans ce sens, tous les indus occupants qui ne sont pas conformes aux règles administratives seront dégagés du port», a-t-il annoncé.
«Pour mener à bien la gestion du plan d’eau, j’ai élaboré un projet de règlement d’exploitation du port de plaisance qui sera proposé au débat et à la revalorisation d’une commission mixte entre la direction, la marine, la douane dans le souci d’améliorer d’une manière substantielle les conditions, les droits et les devoirs des plaisanciers», a conclu M. Allouni.